
Un samedi de 2005, je rentre chez moi avec des étoiles dans les yeux. Ou plutôt dans les oreilles. J'ai entendu pour la première fois de ma vie l'invention numéro 13 de Bach. Mon professeur de piano, le vieux Randretsa, l'a joué pour moi car c'était la prochaine pièce que je devais apprendre. J'étais fasciné. Comment une mélodie si complexe et si inchantable pouvait être paradoxalement si... envoûtante ! Alors pendant des mois j'avais hâte d'être à samedi. Pour que mon professeur me la remémore. Parce qu'à cette époque, la musique n'était pas à portée de clic. Youtube n'existait même pas. Je ne pouvais entendre l'invention numéro 13 qu'une fois par semaine. Sous les doigts de mon vieux professeur qui la joue en entier le temps d'une minute. Pas de replay. Juste une minute. Mais cette seule minute suffit à m'envoûter pour une semaine supplémentaire. À m'envoûter jusqu'à aujourd'hui encore. Une minute il y a vingt ans, j'ai rencontré Bach.